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Terre et vie d'Anjou
25 février 2013

Renvoyé pour avoir terni l'image de l'entreprise (ouest france lundi 25 fevrier 2013)

dominique gautier_

Dominique Gautier avec Joseph Gaudin, éleveur caprin bio, qui a été contraint, dit-il, d'arrêter sa production fromagère à causse des contaminations aux PCB.

« Je suis toujours salarié mais je reste chez moi ». La drôle de situation de Dominique Gautier. Il a passé 23 ans chez Aprochim. Mais cette entreprise de Grez-en-Bouère qui retraite des transformateurs ne veut plus de lui.

La nouvelle est tombée le 4 septembre dernier, après une période de longue maladie. Le salarié a rendez-vous à la médecine du travail. « J'ai été déclaré inapte à ma plus grande surprise ».

Une lettre de licenciement est arrivée quelques jours plus tard. Le motif invoqué apparaît dans un rapport de l'inspection du travail saisie par le salarié : « la direction d'Aprochim a indiqué clairement que Dominique Gautier est une « personne particulière » qui, par ses propos et ses comportements, a porté gravement tort à l'entreprise en ternissant son image auprès du public. Il porterait une responsabilité en cas de fermeture de l'entreprise. Qu'aujourd'hui, elle n'est plus en mesure d'assurer la sécurité de Dominique Gautier au sein de l'entreprise. »

Aprochim, qui appartient au groupe Chimirec, est au coeur d'une affaire de pollution aux PCB (polychlorobiphéniles) depuis janvier 2011. À cette époque, la préfecture de Mayenne a révélé une contamination au voisinage de cette usine. La production de plusieurs fermes a été touchée (lait, viande et oeufs) et près de 400 bovins abattus.

Grève de la faim, sitting, prise de parole dans les médias, Dominique Gautier, délégué du personnel et représentant syndical FO depuis 2009 jusqu'à son arrêt maladie, a multiplié les actions pour « travailler dans des conditions de sécurité optimales. » Il a dénoncé « un taux anormalement élevé de PCB dans le sang des ouvriers de l'usine. Une exposition aux dioxines et aux furanes. »

Ce que conteste la direction :« il n'y a pas de dioxines dans les rejets de l'entreprise. Tous les postes ont fait l'objet d'études et de prélèvements permettant de vérifier le respect des normes et l'ambiance d'exposition », réplique t-elle.

Plainte en diffamation

Les déclarations de Dominique Gautier ne sont pas au goût de tous. En avril 2012, il a été agressé physiquement par un autre salarié dans l'enceinte même de l'usine. « Il m'a menacé de mort », assure le salarié. Il a déposé plainte et c'est à la suite de cet événement qu'il sera en arrêt maladie.

L'administration a refusé le licenciement. « Aprochim m'a proposé une mutation, mais je veux rester à Grez-en-Bouère. J'y vis avec ma famille, mes deux enfants. Je viens d'acheter une maison', explique le salarié inquiet pour son avenir.

À qui il reste toutefois des voies de recours : saisir le conseil des Prud'hommes ou le tribunal des affaires de sécurité sociale. Contactés, les élus du personnel n'ont pas souhaité répondre à nos questions.

Le cas Gautier ne serait pas unique. En 2009, un autre salarié d'Aprochim avait été licencié pour inaptitude. Stéphane Picrouillère dit avoir « subi des pressions car je ne voulais plus travailler au local broyage. Les fumées, les odeurs et les poussières.. J'ai eu peur pour ma santé. Comme tous les salariés d'Aprochim, j'ai du PCB dans le sang et dans les graisses. Je suis tombé en dépression et j'ai été licencié sans aucune indemnité. » Le 4 avril prochain, les deux hommes sont convoqués au tribunal de Laval : ils font l'objet d'une plainte en diffamation par Aprochim.

 

DL;Johann FLEURI

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