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Terre et vie d'Anjou
3 octobre 2018

MISE AU POINT

 

MISE AU POINT

 

Fin janvier 2017, devant la caméra de France 5, le directeur général d’Aprochim a précisé que sa société devait prendre ses responsabilités et indemniser les victimes de sa pollution.

Pour ce qui est des autres éleveurs qui n’ont pas fait le choix de la voie judiciaire, tous avaient été indemnisés, en leur remboursant soit le lait, soit les animaux devenus interdits à la vente et donc euthanasiés, pour cause de dépassement des normes alimentaires. L’indemnisation ayant cependant été faite au rabais, dans la mesure où les services préfectoraux mayennais ont décidé de la date de l’euthanasie au moment ou les cours étaient les plus bas. Enième démonstration de la complicité des services de l’Etat à l’égard de la société Aprochim.

Après 6 mois de négociation, la société Aprochim a enfin daigné consentir à m’indemniser ma perte de revenu, liée à l’arrêt de l’activité caprine et rien d’autre. Rien pour la perte de valeur de l’exploitation, rien pour le préjudice moral. Ce qui démontre au passage une certaine équité incontestable dans l’indemnisation des victimes agricoles. Quoiqu’en disent ou qu’en pensent certains esprits tordus.

Sauf que cette équité n’est qu’apparente, puisque pour être indemnisé, avec un étalement sur 3 ans, je dois remplir la mission suivante :

’- Une analyse critique des réseaux de surveillance en place.

  - Une analyse critique des évolutions envisagées, à la lueur du rapport de l’Inéris et de l’expérience  

    accumulée grâce aux investigations et réflexions de Monsieur Gaudin.

 -  Une analyse comparative au fil du temps des différentes informations recueillies.

 -  Une proposition d’amélioration.’’

 

Tels sont, pour ce qui est de la mission, les termes du contrat qui me lie à la société Aprochim.

Ce qui a fait dire à certains qu’Aprochim avait trouvé le moyen de me faire taire et à d’autres que j’étais du côté d’Aprochim.

Tout cela me rassure en me permettant de constater que le CRETIN n’est pas une race en voie d’extinction.

 

Car tenir ces propos imbéciles, c’est mal me connaître, en croyant que je suis comme ceux qui les expriment. En 1988, dans le cadre de ma lutte contre la société Aprochim, lors de l’enquête publique j’ai précisé au futur PDG Didier Routa que mettre 4 millions de francs sur la table ne changerait pas ma position. Même si je reste une particularité dans ce monde où les individus veulent absolument paraître au lieu de se contenter d’être, on ne m’achète pas, même avec de l’argent et quelle que soit la somme.

J’ai donc demandé et obtenu de pouvoir garder ma liberté de paroles, tout en restant pragmatique et non jusqu’au boutiste, les postures n’ayant jamais fait avancer efficacement un schmilblick.

Avec le même pragmatisme qui m’a amené à essayer de protéger la santé de la population grézillonne, ainsi que les finances publiques… en vain. D’où ma démission à mi-mandat de mes responsabilités de conseiller municipal et communautaire, refusant de servir plus longtemps d’alibi au maire de Grez en Bouère.

 

Pour ce qui est du maraîcher local, non concerné par la pollution, mais cependant impacté au titre de dégât collatéral à cause de la réputation de la commune, avec seulement un dixième de sa perte de revenu indemnisée par Aprochim, sous la forme d’une participation au financement de ses investissements en cours, là le compte n’y est manifestement pas. La société Aprochim doit donc revoir sa copie, et je m’y active.

 

Pour ce qui est des riverains proches qui veulent absolument partir, préférant quitter un lieu pollué au-delà du supportable, un par un les dossiers trouvent une solution, mais après de nombreux mois de négociation, la société Aprochim se comportant comme un véritable marchand de tapis.

 

Au cours des 12 derniers mois, la société Aprochim vient d’investir 750 000 euros pour lutter contre ses émissions diffuses. Malgré cela, en juillet et août 2018, la pollution reste quasiment la même que celle des mois de juillet et août 2016 et 2017. Non seulement en matière d’efficacité des investissements, les résultats ne sont pas probants, mais de plus, en août comme en septembre, le taux européen de 1.25 pg a été dépassé dans une matrice végétale située à 450 mètres de l’entreprise. Dépassement qui objectivement devrait amener le préfet à prononcer une suspension temporaire d’activité de l’industriel.

 

Sauf que prise sur le bord du chemin, l’herbe analysée ne vient pas d’un endroit où des animaux risquent d’être contaminés, puisque la pollution récurrente d’Aprochim a fait cesser la production de fourrage comme l’élevage sur place. Il n’y a donc plus que de la culture depuis l’euthanasie des animaux en 2011.

Au voisinage immédiat de son site, pour les 8 hectares que possède la société Pigeon, Chimirec la maison mère d’Aprochim vient de signer un compromis de vente au prix de 2 euros le m², alors qu’au départ le vendeur en attendait le triple soit 10 fois la valeur des terres agricoles du secteur.

L’industriel essaie donc de faire ce qu’il a annoncé en 2013, soit sanctuariser les 500 mètres autour de son site.

Par la voix de sa présidente, la chambre d’agriculture avait alors précisé qu’elle s’opposerait de toutes ses forces à l’achat de terres agricoles par l’industriel.

Malgré cette volonté affichée, comment avec son droit de préemption, la Safer peut elle trouver un candidat à un prix plus de 3 fois plus élevé que celui du marché, et qui plus est pour des terres fortement polluées.

 

Aprochim va finir par assoir sa pérennité par le vide qu’elle opère autour d’elle. Même si c’est inadmissible, c’est exactement ce qui est en train de se passer.

Car malgré tous les investissements réalisés ces dernières années, autant pour lutter contre ses émissions canalisées que celles diffuses, la société auteure de la pollution aux PCB ne maîtrise toujours pas ses rejets, dès que la pousse de l’herbe est inexistante et ne peut donc diluer cette pollution dans la masse.

Heureusement pour les éleveurs situés au-delà des 500 mètres, les taux relevés sont beaucoup plus acceptables et même largement en deçà des 0.30 pg préconisés par l’Inéris pour permettre un élevage serein.

 

Le pragmatisme impliquant l’objectivité…

 

                                                                                                                                                   Joseph Gaudin

                                                                                                                                                   3 octobre 2018

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