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Terre et vie d'Anjou
10 février 2014

édition abonné Corse : l’affaire qui mêle

 

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Corse : l’affaire qui mêle corruption d’élus et assassinats

LE MONDE | 07.02.2014 à 12h19 | Par

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Aux funérailles de Jean-Luc Chiappini, le lundi 29 avril 2013 à Letia, en Corse-du-Sud..

Après les assassinats, fin 2012, de l'avocat corse Antoine Sollacaro puis de Jacques Nacer, président de la chambre de commerce de Corse-du-Sud, le gouvernement avait envoyé ses ministres sur l'île et promis une opération mains propres. La Corse devait être libérée de l'emprise mafieuse et tous les moyens policiers et judiciaires seraient mis en oeuvre pour y parvenir.

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Il aura fallu pourtant attendre plus d'un an pour que le tribunal d'Ajaccio se saisisse des conclusions d'une enquête préliminaire qui lève le voile sur la personnalité de Jean-Luc Chiappini, maire de Letia et président du Parc naturel régional de Corse, tué le 25 avril 2013. Le dossier offre une photographie rare d'un système où se mêlent fraude aux marchés publics, corruption et assassinats d'élus. Les survivants de cette affaire, qui sera jugée le 21 mars, viennent tout juste d'être convoqués, par citation directe, devant le tribunal correctionnel.

Tout a débuté par les investigations sur la mort par balles, le 16 janvier 2009, dans son hall d'immeuble, à Ajaccio (Corse-du-Sud), de Jean-Marc Nicolaï, maire de Casalabriva de 1995 à 2002, alors consultant et gérant d'une société de transport. Le 8 décembre 2010, les policiers transmettent au parquet une lettre de mission, du 23 novembre 2004, signée entre la société Aprochim, spécialisée dans la décontamination des équipements électriques, et M. Nicolaï, alors cogérant du cabinet d'études Ceci dont l'ex-associée sera jugée le 21 mars.

UN MARCHÉ QUI SE TRAITE AU CAFÉ DE LA GARE

Entendus, juste après l'assassinat de M. Nicolaï, les représentants d'Aprochim dont le siège se trouve près de Laval, n'en avaient rien dit. Mais après des perquisitions fructueuses dans leurs locaux, ils révélèrent alors l'existence d'un pacte de corruption, via M. Nicolaï, mettant en cause Jean-Luc Chiappini. Alain-Henri Keravec, alors directeur général d'Aprochim, renvoyé pour corruption et abus de biens sociaux, a indiqué que sa société s'était portée candidate à un appel d'offres d'un marché de traitement des dépôts sauvages et de véhicules hors d'usage sur deux secteurs du Parc régional d'un montant de 667 000 euros.Marché que la commission d'appel d'offres du Parc lui attribue le 12 novembre 2004.

Selon M. Keravec, une rencontre s'est tenue au café de la gare de Corte (Haute-Corse), la veille, entre M. Chiappini et deux représentants d'Aprochim en Corse pour négocier les termes de l'attribution. Lors de l'entretien, M. Chiappini aurait conditionné son accord à la majoration de l'offre de 10 %. Ces éléments ont été confirmés par les deux membres d'Aprochim présents ce jour-là et par un courriel de M. Keravec relatant la réunion et les pressions pour que soit rétrocédé l'argent en liquide.

Pour son rôle d'intermédiaire, M. Nicolaï a été rémunéré 72 000 euros en 2005 pour des prestations qualifiées de fictives par la justice. M. Chiappini aurait, quant à lui, perçu 75 000 euros par le biais de primes exceptionnelles versées à M. Nicolaï. Les liens entre ce dernier et le Parc régional étaient anciens puisque le tribunal de Bastia l'avait condamné, dans les années 1990, pour emploi fictif au sein de cet organisme.

LA DÎME AUX ÉLUS

Malgré ces efforts, Aprochim n'a jamais exécuté ou sous-traité ce marché. Trois jours après l'avoir obtenu, ses dirigeants ont retiré leur offre. Désaccords internes à la société ou refus de payer leur dîme à des élus qui, selon l'enquête préliminaire, semblent en avoir fait une pratique systématique sur l'ensemble des marchés qu'ils géraient ? En tout cas, il était trop tard. Les entreprises attributaires doivent payer l'équivalent du montant des travaux même si elles ne les réalisent pas. Résultat, Aprochim a entamé de nouvelles négociations occultes pour se désengager.

Le protocole de transaction mettant fin au marché est finalement signé le 7 juillet 2005. Mais cette sortie n'est pas gratuite. Après avoir été payé comme consultant jusqu'en mars 2005, M. Nicolaï est, cette fois-ci, déclaré comme salarié jusqu'en mars 2006. Interrogé par les policiers, M. Chiappini a nié en bloc ces accusations. Si de nombreux retraits de fonds en liquide ont été relevés pour M. Nicolaï, les remises d'espèces à M. Chiappini n'ont pas laissé de traces.

Sollicité par Le Monde, l'avocat d'Aprochim, Me Xavier Flécheux, a indiqué que son client « considère avoir versé de manière transparente des indemnités de rupture transactionnelle qui lui ont permis d'éviter le coût beaucoup plus important d'un contentieux et que si des sommes ont été détournées, il en serait la victime ».

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